Le Drame de Baâle, Commune de Courchamp 77, Mardi 15 Août 1944. Image : La Liberté pleurant ses Martyrs

" Honneur aux Populations Civiles et aux Paysans de France
sans qui le Maquis n'aurait pas tenu
"

Colonel ROMANS-PETIT [1897-1980]
Compagnon de la Libération, Chef des Maquis de l'Ain, du Haut-Jura et de Haute-Savoie

Logo Croix de Lorraine   Préface


En 1940, de nombreux jeunes gens (souvent des fils de Combattants de la Première Guerre Mondiale), se trouvent abasourdis, anéantis, lorsqu'ils réalisent que l'Armée de France, réputée invincible, a cessé de combattre au bout de quelques semaines. La France vit désormais sous l'Occupation Allemande. Les Villes de Paris et Bordeaux sont prises et l'Armistice est demandé. Mais ces jeunes savent aussi qu'à Londres, un Général inconnu poursuit la lutte...

L'instauration du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) par les Allemands en 1943 obligeant les jeunes à aller travailler en Allemagne, fut l'élément déterminant de la création des Maquis et des Groupes de Résistance. Les jeunes voulant échapper à cette réquisition n'avaient que la ressource de se réfugier chez des parents éloignés avec les difficultés (Cartes de Ravitaillement par exemple) et les risques inhérents à leur situation irrégulière, aussi bien pour eux que pour ceux qui les abritaient et les cachaient. D'autres prirent le parti de gagner des régions peu accessibles, c'est-à-dire de "prendre le Maquis". Les premiers camps de maquisards -plus ou moins inorganisés- se créèrent dans le Département de l'Ain en 1943.

Le 6 Juin 1944 les Alliés débarquent en Normandie. A travers le pays, la Résistance s'organise plus militairement et les effectifs des Corps Francs augmentent rapidement dans le but de retarder la progression des Divisions Allemandes qui remontent sur le Front de Normandie.

Le 20 Juillet 1944 a lieu l'attentat manqué d'Adolf Hitler. La puissante Gestapo, dirigée par Heinrich Himler, intensifie la répression et multiplie les assassinats en Allemagne et en France alors que le IIIème Reich est en ruines.

Début Août 1944, la Bataille de Normandie s'achève. Les Alliés sont à moins de cent kilomètres de Paris. La Wehrmacht bat en retraite et commet des exactions. Certaines communes l'ont payé fort cher.

C'est précisément au cours de cette période qu'une page tragique de l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale fut écrite au petit hameau de Baâle, commune de Courchamp, département de la Seine et Marne.

Logo Croix de Lorraine   Introduction


Dans le petit hameau de Baâle (commune de Courchamp, entre Provins et La Ferté-Gaucher, S&M), paisiblement situé à l'écart de la route départementale 204, une modeste stèle commémorative mentionne les faits suivants :

" Ici ont été fusillés par les Allemands le 15 Août 1944,
Albert CAILLAT, Maire, son fils Roger et 5 Soldats F.F.I.
"


Le 15 Août 1945, premier anniversaire, il y eut une grande Commémoration sur le lieu même de la tragédie en présence de la Famille CAILLAT ainsi que de nombreux élus, officiels et responsables locaux. Une plaque commémorative fut apposée sur le mur de l'étable à l'endroit même où les martyrs furent exécutés. Mais d'année en année, le souvenir s'est effacé et la participation s'est affaiblie. Le Conseil Municipal décida alors d'annuler la réunion à Baâle et de reporter les Cérémonies du Souvenir devant le Monument aux Morts situé à Courchamp.
En 1990, la plaque fut déposée de son emplacement d'origine et fixée sur un petit monument que la commune a fait ériger au bord de la chaussée, à proximité du lieu de l'exécution (on distingue encore l'emplacement original sur le mur de l'ancienne étable). Il y eut, toutefois, une dernière Commémoration Officielle à Baâle le 15 Août 1994 pour le cinquantenaire. Aujourd'hui, le Conseil Municipal de la commune de Courchamp a obtenu l'autorisation de réintégrer la plaque commémorative sur son emplacement d'origine.

Nul doute que la Famille CAILLAT peut s'honorer, en ayant désobéi à l'occupant, d'avoir compté parmi
les acteurs de la population civile sans lesquels les Forces Intérieures de Libération n'auraient pu exister.


Logo Croix de Lorraine   Naissance du Groupe de Résistance


Depuis 1943, malgré les risques encourus, Monsieur Albert CAILLAT, agriculteur à Baâle, Maire de Courchamp, s'est engagé dans l'action résistante en aidant les personnes pourchassées par les polices allemandes et ... françaises, comme chacun le sait. Les jeunes résistants et réfractaires au STO lui étaient envoyés par le réseau de résistance de Provins.

Fin Juillet 1944, un Groupe de Résistance, prend naissance à Courchamp, au hameau de Baâle. Dans un premier temps, il se compose de sept jeunes garçons réfractaires au STO, originaires de plusieurs départements et, notamment, celui de l'Aisne. Ils se cachent dans le Bois de Garangeou contigu au Bois de l'Epinay, lui-même délimité par les hameaux de Baâle et Orvilliers, la Ferme de Chasseboeuf sur la RD 12 et la Ferme de Marcilly un peu plus haut. Ils n'en sortent que pour se ravitailler, trouver un peu de réconfort et passer leurs nuits dans la ferme de Monsieur Albert CAILLAT. Ces jeunes gens faisaient partie des F.F.I. et étaient naturellement armés.

Logo Croix de Lorraine   Premières arrestations à Chenoise


Dans les premiers jours d'Août 1944, deux éclaireurs d'une quarantaine d'années, Pompiers de Paris, en provenance du Havre, séjournèrent également à Baâle et prirent contact avec le groupe du Bois de Garangeou. Il s'agissait du Commandant AUBERT Roger de Rouen et du Sous-Lieutenant VANNIER Bernard. Ils avaient pour mission de renseigner les Forces Alliées de Libération sur les positions allemandes dans le département de la Seine et Marne en vue d'accélérer leur progression.

Le Dimanche 13 Août, les deux hommes quittent le Maquis de Baâle en direction de Saint-Hilliers et Chenoise. Ils avaient emmené un fusil mitrailleur attaché sur le cadre d’un de leurs vélos, ainsi qu'une remorque transportant le poste émetteur avec lequel ils envoyaient leurs messages. Lors de leur passage dans le village de Courchamp, des habitants leur signifièrent de ne pas aller plus loin au risque de rencontrer les Allemands. Ces deux braves hommes leurs rétorquèrent qu’avec leur F.M., ils ne risquaient rien et poursuivirent leur route.
Hélas, ils se firent arrêter le soir même par les Allemands, lors d’un bal très certainement clandestin, à Chenoise, sur la route de Jouy le Châtel (sous l'Occupation, le couvre-feu était de rigueur et les bals populaires étaient interdits. Un autre témoignage précise que les deux hommes auraient été "ramassés" sur la route entre Courchamp et Saint Hilliers).
Les deux malheureux furent conduits à la Kommandantur installée dans le château de Chenoise. Ils subirent interrogatoires et, vraisemblablement, tortures jusqu'à donner des renseignements sur leurs activités clandestines et la présence d'un foyer de F.F.I. à Baâle.

Ils furent fusillés quelques jours plus tard dans le parc du château. Un témoignage révèle qu'ils furent contraints à creuser leur tombe avant d'être exécutés. Mais n'était-ce pas là une "vieille coutume nazie" ...?, d'innombrables stèles commémoratives, plantées au bord des routes, à travers la France, attestent de pratiques similaires.
Nous avons su que le Sous-Lieutenant VANNIER n'a pu retenir ses sanglots avant de mourir ...
Une plaque commémorative rappelle leur martyre sur le mur du porche d'entrée :

" PASSANT, Souviens-toi.
ILS sont MORTS pour ta LIBERTÉ.
Dans le parc de ce château, le 23 Août 1944, furent fusillés par les Allemands deux Résistants :
le Commandant AUBERT Roger de Rouen et le Sous-Lieutenant VANNIER Bernard de Paris.
HONNEUR à leur MEMOIRE
"

Sur la base de Mémorial-GenWeb, on retrouve également le nom du Commandant AUBERT Roger sur une première plaque commémorative
ainsi qu'une seconde, toutes deux apposées sur un mur de la caserne des Sapeurs Pompiers de Versailles (78- Yvelines).

La veille du 15 Août, deux autres jeunes Résistants, arrivent et se joignent au groupe, portant l'effectif présent au nombre de neuf. A ce jour, l'identité de ces deux personnes reste inconnue.

Logo Croix de Lorraine   L'Impasse de Baâle


Les représailles qui suivirent l'arrestation de Chenoise ne se firent pas attendre. En arrivant sur le secteur, ce Mardi 15 Août 1944, les Allemands commencèrent par explorer la Ferme de la Motte, qui fait face à la voie sans issue menant au hameau de Baâle, sur la RD204, entre Provins et La Ferté Gaucher.

Témoignage. Madame Simone NEIHOUSER était une des filles de l'agriculteur qui cultivait cette ferme. Elle nous raconte qu'un groupe de soldats allemands a commencé par faire le tour de la marre avant de quitter les lieux, sans même avoir pénétré dans la cour. Puis ils sont partis. Suite à cela, comme chacun peut le comprendre, nous nous sommes enfermés chez nous (témoignage du Dimanche 26 Février 2006).


Le hameau de Baâle, en face, se composait de trois familles : les maisons CAILLAT et LEMOULE, agriculteurs, et Raymond GARNIER, ancien cafetier de Courchamp à la retraite.
La moisson prenait fin, les charrettes étaient rentrées avec les dernières gerbes et Monsieur et Madame Albert CAILLAT se préparaient à régaler moissonneurs et gens de ferme pour fêter le "Le Chien de Moisson" (voir les explications plus bas : Documentation et ressources).
La Famille CAILLAT n'avait pas ouvert seulement sa maison ..., elle avait aussi ouvert son coeur de patriote aux jeunes combattants qui, vraisemblablement, étaient associés au festin.
Pour cette occasion festive, Albert CAILLAT, le fils de la famille, était rentré du département de l'Yonne où il se cachait ..., il était Réfractaire au S.T.O.
Hélas, les lignes qui suivent rapportent que ce jour d'Assomption fut aussi celui de son infortune !. Il avait 23 ans.

C'est par surprise que les Allemands débarquèrent à Baâle vers 18 heures. Ils avaient (au minimum) un camion et une auto-mitrailleuse. Ils commencèrent par arrêter un jeune F.F.I. qui se rasait devant une auge à chevaux à l'entrée de la ferme, puis un autre surpris un peu plus loin chez Monsieur CAILLAT. A ce moment, les deux F.F.I. arrivés la veille se désaltéraient à la source. Ils plongèrent dans un fossé lorsque surgirent les Allemands et réussirent à s'échapper dans les bois (à l'heure actuelle, nous ne disposons d'aucun renseignement sur ces personnes qui échappèrent miraculeusement à une mort certaine).

Quelque peu renseignés, les soldats allemands se rendirent ensuite dans le bois de Garangeou, situé non loin du hameau. Surpris dans leur maquis, les cinq compagnons d'infortune eurent à peine le temps de se jeter dans un champ de luzerne sur pied en rampant du plus rapidement qu'ils pouvaient sous le feu de la mitraille. Trois d'entre eux ne se relevèrent pas des balles allemandes, les deux autres parvinrent à disparaître à travers champs en direction du bois de Marcilly.
Il s'agissait de Monsieur Lucien CLÉMENT, âgé de 39 ans, originaire de Montceau lès Provins et de Monsieur Émile LE NABAT, âgé de 20 ans, originaire de Vieux-Maisons, près de La Ferté Gaucher.

Témoignage. Au soir de ce 15 Août 1944, quelques jeunes agriculteurs des fermes avoisinantes rentraient, à vélo, d'une séance de cinéma à Provins. Ils avaient emprunté la route de Saint Martin des Champs et Voulton. Arrivés au carrefour de Rupéreux, où chacun devait se séparer, ils croisèrent des soldats allemands qui contrôlèrent leurs papiers. Les jeunes gens, quelque peu informés de ce qui se passait, purent donc rentrer chez eux, prévenir leurs familles et se barricader jusqu'au retour du calme. Parmi ceux-ci, on peut citer Jean HUBLIER, Bernard LANGUILLAT, Georges CRAPARD, Marc LHERMÉ, tous fils d'agriculteurs.

**** Voir une photographie de classe, prise en 1934 devant l'école communale de Courchamp, et sur laquelle on retrouve les camarades d'école de Roger CAILLAT, ayant participé par leurs témoignages à la création de cette page, et notamment Solange ANDRÉ (épouse PROFIT), Simone VANSCHORISSE (épouse NEIHOUSER, Ferme de la Motte), Bernard LANGUILLAT [1925-1992], Ferme de Chasseboeuf.


Monsieur Jean HUBLIER (ferme de Marcilly) revoit encore les deux fuyards qu'il avait aperçus dans le soir, traversant la plaine "à brides rabattues" !. C'était juste après le contrôle et avant de rentrer à la Ferme de Marcilly.


Émile LE NABAT était un de ces fuyards !.
Il a disparu en 1986 à l'âge de 66 ans sans que personne ne semble avoir eu la possibilité de solliciter et notifier son témoignage.
Le Mémorial de Caen, dans le département du Calvados, conserve néanmoins sa déposition ainsi que celle de Lucien CLEMENT qui l'accompagnait dans sa fuite, tout comme le procès verbal de l'enquête diligentée, à l'époque, par la Brigade de Gendarmerie de Provins.

Fous de rage (n'oublions pas qu'ils viennent de laisser filer quatre Résistants ...), les Allemands retournent dans la soirée à la ferme de Baâle, s'emparent de Monsieur Albert CAILLAT et des deux derniers jeunes soldats F.F.I., et les rassemblent contre le mur de l'étable.

Albert, le fils de Monsieur CAILLAT, s'était dissimulé dans un râtelier de l'écurie, sa mère vint le prévenir de la fusillade imminente. Horrifié, il se mit à pleurer et fut malheureusement découvert par un soldat allemand qui avait entendu les sanglots. Il fut immédiatement amené auprès de son père et des deux F.F.I., au pied du mur de l'étable.
Deux enfants de la commune, "raflés" par les Allemands, Robert LEMOULE, âgé de 17 ans et Roger DUFRESNE, âgé de 14 ans, furent également traînés jusqu'au mur d'exécution.
Les deux adolescents ne devront leur salut qu'à l'insistance et aux ultimes négociations engagées par Monsieur Albert CAILLAT auprès des Allemands qui acceptèrent de les épargner. Mais il n'a pas réussi à sauver son propre fils ...

Quelques instants après, les quatre malheureux tombaient sous les rafales
des pistolets-mitrailleurs allemands.


Marqués à jamais par ce qu'ils venaient de vivre, les deux jeunes miraculés eurent un destin dramatique.
En 1947, Robert LEMOULE, dont la famille habitait en face de la ferme de Monsieur CAILLAT, fut emporté par une Méningite Cérébro-spinale à l'Hôpital de La Pitié Salpêtrière à Paris. Il effectuait son Service Militaire à la caserne de Provins.
Quant au jeune Roger DUFRESNE, les témoignages sur sa destinée restent contradictoires et ne sont pas publiés ici.

Le lendemain, les corps des 5 soldats F.F.I. furent rassemblés près du monument actuel et recouverts de paille, pendant plusieurs jours, en attendant l'identification. Le témoignage de la mère de l'un d'entre eux, Monsieur Fernand VINCENT, Sergent F.F.I., révèle que le corps de celui-ci avait une main coupée. A t'il été torturé ? ..., s'agit-il d'une balle ? ..., nous ne le savons pas.

Dans les jours qui suivirent, le soldat F.F.I. rescapé, Monsieur Émile LE NABAT, s'est rendu à Paris pour informer ses supérieurs du bilan dramatiques de cette journée et du démantèlement du Maquis de Baâle, sans qu'aucune action préjudiciable à l'Occupant ne semble pouvoir être mise à son actif.

Logo Croix de Lorraine   Mais les Allemands ne s'arrêtèrent pas là ...


Après la fusillade, les soldats allemands voulurent s'assurer qu'aucun autre Résistant ne puisse avoir été oublié. C'est ainsi qu'ils se mirent à tirer dans les granges où Monsieur CAILLAT venait de rentrer sa moisson, provoquant un gigantesque incendie. Alertés par la lueur et les fumées, plusieurs habitants des campagnes avoisinantes se mirent en route, à travers la plaine, en direction du sinistre pour participer à son extinction.

Témoignage. C'est ainsi que Monsieur RAVION, cafetier-maçon, Maire de Rupéreux, très connu dans la région, et son ouvrier, Monsieur Pierre JAMET, partirent dans la nuit malgré l’orage qui grondait.
Lorsqu’ils entendirent le crépitement d’une mitrailleuse, ils comprirent que quelque chose d'anormal se passait et firent aussitôt demi-tour. La chance fut avec eux ..., ils eurent la vie sauve !.


La Ferme d'Orvilliers se situe à deux kilomètres à vol d'oiseau de Baâle. La patronne, Madame Juliette GARNIER (née LAURENT le 12 Mai 1910 à Jouarre, S&M), se trouvait dans les champs avec ses deux ouvriers agricoles, Monsieur Gustave VAN DYCKE, de nationalité belge et Monsieur Léonard WEGRZYN, de nationalité polonaise.
Ce soir là, un boucher-chevalin de Provins, Monsieur LAHAYE, et sa fille Ginette étaient venus leur rendre visite.
La colonne de fumée assombrissait le ciel orageux derrière le bois de l'Epinay. De la même manière, tout le monde se mit en route en direction de Baâle, à travers champs malgré un un violent orage qui venait d'éclater.
Le groupe ne pouvait qu'ignorer la présence de sentinelles allemandes postées non loin de là, sur le chemin de Marcilly, avec une auto-mitrailleuse.
A la faveur de puissants éclairs qui illuminaient la plaine, les soldats allemands tirèrent sur les malheureux. On peut objectivement penser qu'ils ont cru avoir affaire à des fuyards, synonymes pour eux de "terroristes" ou de "partisans". Dès le premier coup de feu, Monsieur LAHAYE plaqua sa fille, Ginette, au sol et la recouvra avant de faire demi-tour.
Ils ont eu la vie sauve !.
Hélas, Madame Juliette GARNIER et ses deux ouvriers n'eurent pas cette chance. Rattrapés par les balles allemandes, ils s'effondrèrent près de l'actuel château d'eau, dans la plaine d'Orvilliers (commune de Rupéreux, 77-S&M), avant même d'avoir pu comprendre ce qu'il leur arrivait !.

INJUSTE MEPRISE   !
Quel crime avaient donc commis ces innocentes victimes ...?
ELLES COURAIENT DANS LA PLAINE   !


La Wehrmacht ne quitta les lieux que le lendemain, après avoir semé la désolation et la mort.
Par la suite, une stèle commémorative fut érigée à leur Mémoire. On la trouve au pied du château d'eau près de la Ferme d'Orvilliers. Localisation du château d'eau d'Orvilliers sur Google MAPS.

Logo Croix de Lorraine   Autres témoignages


Comme il est évoqué dans d'autres témoignages relatant des événements similaires survenus dans d'autres contrées, il y a fort à penser que les habitants restés dans les hameaux et les fermes se soient barricadés chez eux en attendant le retour au calme. À Orvilliers, comme vraisemblablement à Baâle, les corps des victimes ont donc été laissés, la nuit, à l'endroit même où ils se sont effondrés. Lavés par la pluie, ils ne furent relevés que le lendemain matin.

Témoignage. Monsieur RAVION était Maire de Rupéreux. Il nous raconta que le lendemain, les Allemands étaient encore présents à Orvilliers. Ils avaient passé la nuit près des lieux du massacre à surveiller les environs. Les trois corps gisaient toujours au sol, près du château d'eau d'Orvilliers. Il revoyait toujours ce jeune gradé "SS", âgé d'à peine 17 ans, frappant et retournant l'un des trois corps avec la pointe de sa botte avant de prononcer simplement le mot "kapout !".
(Nota : Il faut se souvenir qu'à cette époque l'Armée Allemande avait déjà essuyé de lourdes pertes et c'est, semble t'il, pour cette raison qu'on retrouve de très jeunes hommes à la tête des Unités d'Occupation).


Le lendemain du drame, Mercredi 16 Août 1944, plusieurs témoignages confirment le passage, sur la route de Chenoise, d'une colonne de soldats allemands déchaînés, ivres-morts, des sous-vêtements féminins (vraisemblablement volés à la ferme des CAILLAT) en guise de trophée, accrochés avec des ficelles à l'arrière des véhicules.
Durant l'expédition punitive, il semble en effet, que les Allemands aient raflé le festin et pillé les vivres et la cave de Monsieur CAILLAT et, même, emporté des bouteilles d'eau de vie.

Témoignage. Au passage de cette horde sauvage, Monsieur Alfred DROUIN, qui passait sur la route de Saint Hilliers, se souvient encore de s'être jeté avec sa bicyclette à travers une haie :
"Les soldats tiraient n'importe où, au hasard, et j’avais bien cru voir ma dernière heure sonner !".
Selon toute vraisemblance, ce reflex lui sauva la vie !.


A Saint-Hilliers, les mêmes Allemands font également irruption dans les deux cafés-épiceries de la commune et, notamment, celui de Monsieur André LEROY. On peut imaginer l'effroi de son épouse en voyant cette horde de soldats exaltés, ivres-morts, débarquer dans la salle alors que son mari, également réfractaire au STO, s'était vraisemblablement caché dans la réserve !.

Monsieur et Madame Paul NEIHOUSER, agriculteurs retraités, précisent que les jeunes Résistants du maquis de Baâle étaient en possession de nombresues adresses où ils pouvaient se ravitailler : "À quelle boucherie et représailles aurait-on assisté si, d'aventure, les Allemands avaient pu mettre la main dessus !."

Logo Croix de Lorraine   Liste des Victimes


Les sept malheureuses victimes de Baâle :

CAILLAT Albert, Agriculteur à Baâle,
CAILLAT Roger, son fils,
VAILLANT Fernand, Sergent F.F.I., né le 14 Septembre 1926, fusillé à l'âge de 18 ans,
VINCENT Fernand, Sergent F.F.I., né le 5 Août 1926, fusillé à l'âge de 18 ans,       Plus d'infos et photos
BERTHELOT Albert, Soldat F.F.I., né le 24 Juillet 1923 à Champs sur Marne (77- S&M),
DESCHAMPS Roger, Soldat F.F.I., originaire de Bagneux (92- Hauts de Seine),
BRETTE Albert, Chef du Groupe F.F.I., originaire de Montreuil sous Bois (93- Seine Saint Denis).

Contrairement à ce qui est dit sur le site Mémorial-GenWeb, nous ne pouvons pas affirmer que les deux Sergents FFI aient été torturés.
A ce jour, les noms et prénoms des deux soldats FFI BERTHELOT Albert et DESCHAMPS Roger, ainsi que celui du Chef de Groupe BRETTE Albert, ne sont pas inscrits sur la plaque commémorative de Baâle.


Les rescapés de Baâle :

LE NABAT Émile, Soldat F.F.I., originaire de Vieux-Maisons (77- S&M), décédé en 1986,
CLEMENT Lucien, Soldat F.F.I., originaire de Montceau lès Provins (77- S&M),
XXX INCONNU, F.F.I.,
XXX INCONNU, F.F.I.


Les victimes arrêtées et fusillées à Chenoise :

AUBERT Roger Jean-François, Commandant, originaire de Rouen, Sapeur Pompier à Versailles (78),
VANNIER Bernard, Sous-Lieutenant, originaire de Paris.


Les victimes fauchées à Orvilliers :

GARNIER Juliette, agricultrice à la Ferme d'Orvilliers, née le 12 Mai 1910 à Jouarre (77- S&M),
VAN DYCKE Gustave, ouvrier agricole, originaire de Belgique,
WEGRZIN Léonard, ouvrier agricole, originaire de Pologne.


Logo Croix de Lorraine   Documentation et ressources


En ces temps troubles, les innombrables Maire de France qui n'avaient pas voulu dénoncer aux Allemands les foyers de résistance installés dans leur commune, s'exposaient aux pires représailles.
Ainsi, la même année, quelques mois auparavant, Monsieur Henri DONDE, Maire de Grand-Corent, dans le département de l'Ain, s'est retrouvé sensiblement dans la même situation que Monsieur CAILLAT.
Il a refusé de renseigner l'ennemi et n'a pas dénoncé les Maquisards.     Un détail simplement ...

Il a été giflé avant d'être fusillé.


Lire le poignant témoignage sur Mémorial-GenWeb : Racouze, 16 Avril 1944 ...

Voir d'autres documents, témoignages et poèmes sur Wiki-GenWeb.

En savoir plus sur l'ancienne tradition briarde du "Chien de Moisson".

Logo Croix de Lorraine   Remerciements et contributeurs


L'existence des pages de ce site Internet a été rendue possible grâce aux témoignages de :
  • Madame Simone NEIHOUSER, cultivatrice à la Ferme de la Motte à l'époque des faits (témoignage du 2 Avril 2004),
  • Monsieur Paul NEIHOUSER (DCD en 2009), son époux, cultivateur à Baâle (retraité au moment de son aimable témoignage du 2 Avril 2004),
  • Monsieur Alfred DROUIN, retraité,
  • Monsieur Dominique JAMET, détenteur de plusieurs témoignages, et notamment ceux de son père, Pierre JAMET,
  • Monsieur Robert GEFKEN, membre de la famille du Soldat FFI VINCENT Fernand, résidant en Belgique et en Hollande,
  • Madame, Monsieur ..., (liste et étude non exhaustives)

Logo Croix de Lorraine   Autres documents en rapport avec la fusillade de Courchamp, hameau de Baâle (en construction)


Rôle
Sujet
Date
Origine des copies de documents

6

Que la peste soit du destin de
    Fernand VINCENT
fusillé, "Mort pour la France" le 15 Août 1944.

15.08.1944

Page web créée grâce à des renseignements
de diverses origines
avec une biographie et une petite généalogie.

9

Procès verbal N°681 de la déposition de
    Lucien CLÉMENT
Brigade de Gendarmerie de Provins.

06.11.1944

Bureau des Archives des Victimes
des Conflits Contemporains
CAEN (14 Calvados)

14 (en cours)

Lettre de la Mairie de Courchamp pour déclarer
    la Fusillade de Baâle
au Procureur de la République.

27.11.1944

Bureau des Archives des Victimes
des Conflits Contemporains
CAEN (14 Calvados)

17

Procès verbal N°776 de la déposition de
    Émile LE NABAT
Brigade de Gendarmerie de Provins.

10.12.1944

Bureau des Archives des Victimes
des Conflits Contemporains
CAEN (14 Calvados)

20 (en cours)

Lettre de la Mairie de Courchamp à propos du soldat
    BERTHELOT Albert Ernest
pour l'inscription de la mention "Mort pour la France".

15.06.1945

Bureau des Archives des Victimes
des Conflits Contemporains
CAEN (14 Calvados)

XX
à suivre ...


Soixante dix ans après, certains termes et expressions des témoignages retranscrits sur cette page peuvent aujourd'hui paraître durs, voire méprisants. Aucune parole n'a été travestie. Il reste simplement à essayer de se rapprocher de la vérité, de comprendre et de tenir compte de l'état d'esprit des acteurs de cette époque trouble et des blessures à jamais ouvertes qu'ils ont reçues, bien malgré eux, dans leur chair.

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Page mise à jour en Février 2014 pour le septentenaire du Drame de Baâle.